Vaddey Ratner

41ovN0SPlnL__AA160_

In the Shadow of the Banyan1

Simon & Schuster (2013)

Que ce soit par le biais de reportages, de témoignages ou d’autres documentaires, nous avons tous à l’esprit une image plus ou moins précise d’un Cambodge balafré, à jamais marqué par les bouleversements qu’a connu ce pays  au cours de la seconde moitié du XXe siècle.

Vaddey Ratner, née au Cambodge, n’a que cinq ans lorsque les khmer rouges prennent le contrôle de Phnom Penh. A l’instar de centaines de milliers d’autres cambodgiens, pris dans le chaos qui s’ensuit, elle voit son existence basculer et aux côtés de sa famille, propulser à l’aveugle vers un avenir dont elle ne soupçonne absolument pas la teneur.

Eventuellement rescapée de cet enfer, aujourd’hui installée aux Etats-Unis, Madame Ratner, à l’instar de certains de ses compatriotes, choisit de prendre la plume pour témoigner. Mais si l’enfant qu’elle était à l’époque a pu conserver certains souvenirs de cette expérience, c’est éventuellement par le biais de la fiction que l’adulte parvient à trouver les mots pour raconter ce dont elle et bien d’autres ont été témoin au cours de cette terrible période.

Dans une prose fluide, parsemée de références folkloriques, mythologiques et autres éléments participant au paysage culturel cambodgien, l’auteur nous entraîne dans son sillage, nous introduisant cet univers où ses racines se sont formées tout en dévoilant peu à peu un parcours dominé par l’unique désir de survivre.

Oblitérant l’horreur à coup de phrases imprégnées de poésie et de pensée bouddhiste, ce récit contourne les sujets sensibles pour mettre en relief des notions telles que l’impermanence des choses et la pérennité de l’esprit.

Enfin, à l’exception d’une évidente faiblesse au niveau de la narration, -celle-ci hésitant entre une perspective d’enfant et une voix d’adulte (ou vice et versa)-, l’ensemble, d’assez bonne facture pour ce genre de roman, rends un poignant hommage aux victimes concernées.

 

Notes:

1. Titre de l’édition française: A l’ombre des arbres millénaires

© 2015-2024 CarnetsLibres