Fasting, Feasting1
Vintage (2000)
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Professeur et écrivain née dans la municipalité de Mussoorie (contreforts de l’Himalaya), aujourd’hui établie aux Etats-Unis, Anita Desai a déjà un nombre substantiel de publications à son actif lorsque paraît Fasting, Feasting en 1999.
Roman à saveur psychosociologique plutôt dépourvu d’intrigue, cet ouvrage trace au long d’événements divers, une sorte de portrait dont il est difficile de définir le sujet exact.
Composé de deux volets, nous y découvrons d’abord la vie d’une famille indienne de classe moyenne établie dans une ville de province, le tout présenté sous l’angle d’Uma l’aînée de la famille. Uma est un être contraint à une existence limitée au cadre domestique dont on suit le parcours depuis l’adolescence jusqu’au début de la quarantaine. La seconde partie du récit nous entraîne dans les pas d’Arun le cadet de la famille, un introverti assujetti lui aussi aux impératifs familiaux qui, parti étudier aux Etats-Unis, séjourne pendant les vacances d’été au sein d’une famille typique de la classe moyenne étatsunienne, dans une banlieue tout aussi représentative de ce pays.
Nous avons là deux points de vue et deux contextes, à une époque non définie (possiblement entre 1950 et 1970), dont le lien principal serait la famille indienne d’où sont issus les deux principaux protagonistes.
Plutôt habilement narré et faisant usage d’une prose calibrée (de façon plus ou moins adéquate) en fonction du point de vue adopté (simplifiée dans le cas d’Uma, imagée et sensuelle dans le cas d’Arun) le récit consiste donc en une suite de scènes au gré desquelles nous découvrons une foule de détails relatifs à la culture et au mode de vie des individus concernés, en même temps que nous sommes initiés aux valeurs en usage, notamment en ce qui a trait à l’éducation.
Les personnages étant suffisamment bien décrits et crédibles pour susciter l’intérêt (quoique leurs motivations et ressentis ne soient pas toujours clairs), on se laisse donc plus ou moins entraîner dans leur sillage tout en anticipant un happening qui, tardant à se manifester, finit par susciter la question de savoir à quoi tout cela peut bien rimer et où tout cela va-t-il mener.
Car ce qui au départ tend vers une mise en relief de l’éducation des filles et de la condition féminine en Inde, est en quelque sorte interrompu pour glisser avec la seconde partie du roman, vers un autre point vue, un autre contexte, voire un autre sujet. Le tout s’achevant sur une fin dépourvue de conclusion, il est donc difficile de déterminer avec exactitude de quoi il est ici question.
J’ai cherché en vain un quelconque éclaircissement en interrogeant le titre du roman et n’ayant pas pu m’arrêter avec précision sur ce à quoi peut bien référer ‘Le jeûne’ ou ‘Le festin’, j’ai alors tenté de deviner les intentions de l’auteur, terrain glissant s’il en est, spéculant ainsi sur l’objectif visé par ce récit: a-t-il pour but d’établir un parallèle entre l’éducation des filles et celle des garçons via les personnages et expériences d’Uma, puis d’Arun? L’intention serait-t-elle de dresser un portrait de deux familles similaires mais établies dans deux contextes différents? L’auteur a-t-elle souhaité établir une comparaison entre les valeurs sociales et familiales en Inde et aux Etats-Unis?
Honnêtement, je cherche encore…
Notes
1.Titre de l’édition française: Le jeûne et le festin
2.Ce roman figura parmi les finalistes du Booker Prize 1999.
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