Snow and Shadow
Traduit du chinois par Nicky Harman
East Slope (2014)
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C’est dans un paysage littéraire embryonnaire, qu’a été publié, en 2014, cette première traduction des nouvelles de Dorothy Tse. Née en 1977, cette auteur s’est fait connaître dans son pays par la publication de deux recueils de nouvelles qui furent tous deux primés tandis que grâce à ‘Snow and Shadow’, elle figure parmi les premières et rares voix authentiquement hongkongaise à bénéficier d’une traduction.
Présenté dans une édition dont l’originalité et la qualité s’accordent bien au contenu, ‘Snow and Shadow’ est donc constitué de treize nouvelles dont certaines ont été extraites de publications antérieures (en VO) tandis que d’autres sont inédites.
Des nouvelles qui dès la première phrase nous surprennent tandis que la plume riche et colorée de l’auteur nous entraîne dans un univers extraordinaire au sein duquel divers sujets d’actualité s’offrent à nous sous un jour tout à fait inhabituel. Ces récits sont provocants et nous incitent à voir le monde et la vie sous un angle tout à fait différent.
‘The Love Between Leaf and Knife’ raconte l’histoire d’un couple dont la passion et les élans se sont peu à peu éteints au fil des années et qui dès lors, tente de raviver la flamme en employant une méthode pour le moins inusitée.
‘Head’ nous introduit dans une famille dont l’existence, adaptée à l’autisme avéré du père, prends une forme bien particulière.
“When Flower got up that morning, Tree’s head had vanished“. (Head, p.47)
‘Blessed Bodies’ aborde le thème du marchandage du corps humain en nous amenant dans une ville où le commerce du sexe prospère et où en échange des faveurs d’une femme, le client doit faire don d’un membre de son corps.
‘The Mute Door’ établit en cours de récit un parallèle entre la porte en tant qu’objet et la porte en tant que concept pour conclure de manière inattendue à la prééminence du concept sur l’objet.
“The door is constructed in such as way as to conceal the fact that it does not exist“. (The Mute Door, p.153)
S’il est généralement ancré dans un cadre contemporain, le monde vu par Dorothy Tse, dépasse rapidement et aisément les frontières du réel pour plonger dans le surréel, évolue entre le rêve et la réalité, passe du conscient à l’inconscient, entraînant ainsi le lecteur au long d’avenues inusitées, voire inexplorées. D’une intense originalité cet univers nous rejoint, non seulement par les thèmes abordés mais aussi par ces personnages et ces lieux qui en dépit de leur qualité fictive, conservent toutefois un lien fort avec la réalité.
Témoignant d’une bonne maîtrise du genre, ces récits, habilement traduits par Nicky Harman, réunissent un éventail de qualités propres à faire le bonheur des plus exigeants. On en redemande.
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