Qui a tendu un piège dans la pinède par une journée fleurie de printemps?
Traduit du coréen par Lee Myung-eun et Anne-Marine Mauviel
Decrescenzo – Edition numérique (2013)
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Titre inusité s’il en est pour ce recueil proposant un trio de nouvelles extraites d’un ouvrage publié en 2002 sous le titre 상속 (Sangsok) ou ‘Héritage’; trois nouvelles qui ont justement pour point commun le thème de la transmission dans le cadre de la famille.
Dans, ‘Il ne neige plus au pays natal’, nous observons l’évolution du jeune Jun-yeong , un garçon qui, suite à un changement de circonstances, est laissé à lui-même et découvre au sein de son nouvel environnement, un univers fort différent de celui qu’il avait jusqu’alors connu.
Ce récit à deux voix, quelque peu convenu mais bien conçu, explore le thème de l’influence que peuvent avoir les conditions de vie sur le développement, sur le devenir devrais-je dire, de l’enfant.
‘Qui a tendu un piège dans la pinède par une journée fleurie de printemps’, dresse le portrait d’une petite fille modèle qui, valorisée pour ses performances, grandit dans l’obsession de la perfection pour devenir une femme… modèle.
Mettant en avant un profil psychologique soigneusement constitué, ce récit fait état du rôle et de l’influence parentale dans la formation d’une personnalité et de leurs conséquences sur la vie et les choix de vie chez l’adulte.
‘L’héritage’ raconte les dernières années d’existence d’un homme d’affaire atteint d’un cancer qui, toute sa vie durant fut si absorbé par son travail et ses activités, qu’il a fini par devenir un étranger aux yeux des membres de sa famille.
Ce récit, qui possède les qualités d’un roman, présente une judicieuse analyse du noyau familial et de ses ramifications.
On retrouve donc dans ces nouvelles les caractéristiques qui ont fait la réputation de Eun Hee-kyung; des histoires relativement simples, explorant des thèmes à caractère psychosociologique et au sein desquelles quelques aspects de la société coréenne sont mis en relief. Leur conception est généralement soignée et s’harmonise bien avec la teneur des récits. La densité psychologique des personnages révèle un solide sens de l’observation. La prose, constituée de phrases courtes, se veut sans doute dépouillée mais s’avère de qualité inégale ce qui, ajoutant à l’inclusion de quelques expressions à consonance française, semble indiquer une faiblesse au niveau de la traduction.
Simples mais bien conçus, ces récits témoignent du travail d’un écrivain en cours de maturation.
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