La Rambla paralela1
Ed. Alfaguara (2002)
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Dans un entretien accordé au journal El País en 2003, Fernando Vallejo expliquait que le point de départ pour ce roman fut de se mettre dans la peau d’un Fernando Vallejo décédé et d’ainsi raconter sa propre mort. Cette idée lui étant venue alors qu’il participait à une foire du livre à Barcelone, il décida donc de situer l’action du roman dans ce contexte.
De ce point de départ est né ‘La Rambla paralela’, un court roman au long duquel nous assistons aux derniers jours d’un vieil écrivain, sorte d’alter ego de l’auteur, Colombien d’origine résidant au Mexique, venu à Barcelone pour participer à une foire du livre dont l’invité d’honneur est son pays natal.
C’est à l’ombre de la grande faucheuse, rongé par l’insomnie, embrumé par l’alcool, et troublé par une mémoire défaillante, alternant entre réflexions et souvenirs, que les grandes lignes d’une vie se dessinent et un portrait d’homme est ainsi tracé.
La décadence du monde, la pourriture des uns et la stupidité des autres, l’absurdité d’une existence n’ayant pour seul objet que la reproduction de l’espèce, la langue que l’on bafoue, la pauvreté, la religion, la politique, la vie et la mort, sont parmi les sujets abordés par un protagoniste qui sommes toutes s’étonne de la rapidité avec laquelle sa vie a passé d’une part tandis que d’autre part il s’apprête à la quitter avec la certitude que cette existence, cette vie et ce monde ne sont que de la merde.
Alternant entre le ‘je’ et un ‘il’ appartenant à un narrateur dont la proximité avec le personnage est parfois évoquée ou explicitée, le récit adopte une perspective unique et reste donc intimement lié au principal protagoniste. Reproduisant les cheminements de la pensée, ce mode narratif permet donc, tout comme le fait le protagoniste en pensée, d’effacer ou d’outrepasser les marques du temps et de l’espace, baladant ainsi le récit et le lecteur entre la Colombie le Mexique et Barcelone, passant sans transition du passé lointain au passé récent, le tout avec une clarté inébranlable.
Techniquement accompli, parfois tendre, souvent caustique ou ironique, ce roman est par ailleurs servi par une prose souple, vive et colorée qui met habilement en relief la richesse de la langue espagnole.
Un exercice de style réussi servi par un récit qui, dénué d’intrigue, frise parfois le grand déballage.
1.Publié en français sous le même titre.
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