Guo Xuebo

Guo Xuebo

The Desert Wolf

Traduit du chinois par Bill Bishop, Yu Fanqin, J.A. Matthews

Panda Books (1996)

Né en 1948 dans le sud-est de la Mongolie intérieure, Guo Xuebo a commencé à publier ses écrits en 1975, et c’est grâce à une œuvre solidement ancrée dans l’univers culturel de son pays qu’il s’est peu à peu taillé une place de choix parmi ses contemporains.

Les quatre récits composant ce recueil ont pour cadre une région aride de la Mongolie intérieure et explorent le thème de la coexistence de l’homme et de la nature dans un seul et même système et tout en mettant en évidence leur interdépendance, ils interrogent, mettent en question, la supériorité autoproclamée de l’homme sur son environnement.

‘The Desert Wolf’ (Les loups du désert)1 met en parallèle l’histoire d’une louve puis celles d’un village implanté en bordure du désert, d’un père et sa fille, et d’un universitaire parti à la recherche d’une cité perdue; destins croisés qui, au gré de forces tantôt analogues tantôt contraires, vont suivre leur chemin pour converger en un dénouement tragique.

‘The Sand Fox’ (La renarde du désert)1 raconte l’histoire d’un homme chargé de veiller sur un territoire situé dans une région en proie au phénomène (bien connu en Chine) de la désertification et qui, après avoir observé l’évolution d’un fragile équilibre écologique, assiste aux côtés de sa fille, à sa destruction.

‘Sand Rites’, se déroule en deux temps (année 1940 et années 1980), dans un village sis aux portes du désert et met en scène une poignée de personnages ainsi qu’une pratique ancestrale, une danse appelée Andai, que seuls quelques élus peuvent exécuter dans des circonstances précises. On découvre donc la petite histoire de ce village, de ses habitants ainsi que le sort réservé à leurs coutumes et mode de vie.

‘Sand Burial’, nous introduit à la dure réalité des existences menées aux portes du désert et de l’incessant combat, souvent maladroit, mené par ceux qui tentent de lutter contre la désertification.   Le récit met en scène un lama, un botaniste et une nature qui tous trois tentent de survivre dans des conditions parfois extrêmes.

Quatre récits narrés avec une habileté sous laquelle on devine les traits du scénariste et documentaliste qu’est Guo Xuebo. Grâce à une solide maîtrise de la mise en scène ainsi que des descriptions atteignant une puissance évocatrice hors du commun, il nous entraîne en moins de deux dans ces lointaines régions désertiques ou dans un village abandonné tandis qu’à l’instar des protagonistes, nous ressentons l’isolement, la chaleur et la soif des jours ou le froid glacial des nuits.

Puis, dans ce cadre éloigné de tout, ces récits nous montrent combien, une fois confrontés à la survie, l’homme, la faune, la flore et l’environnement, tous également soumis aux lois de la nature, ne sont sommes toutes jamais bien loin/différents l’un de l’autre.

Ce sont là des thèmes usités mais toujours d’actualité qui sont traités ici, non sans effet dramatique, par un fin observateur doublé d’un conteur aguerri.

Outre un contexte qu’il sait rendre envoûtant, des personnages et des éléments habilement (re)constitués, des intrigues conçues à la mesure de son propos, propulsés par un suspense qui tel un coup de vent bien soufflé vous entraîne jusqu’au point final, ces récits, bien calibrés, constituent un bien beau morceau de littérature.

Notes:

  1. Ces deux récits ont été publiés en français dans un recueil ayant pour titre ‘La renarde du désert’.

©2015-2024 CarnetsLibres