Le pont sur la Drina
Traduit du serbo-croate vers le français par Pascale Delpech
Livre de Poche (1999) – Publication originale, 1945.
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Bosniaque de naissance, Croate d’origine et Serbe par conviction, avec une telle carte d’identité, il est difficile de classer l’oeuvre de Ivo Andrić sur une base géopolitique, cela d’autant plus que le pays où l’écrivain est né en 1892 n’était déjà plus le même au moment de sa mort en 1975. J’ai choisi de le placer là où il aurait probablement souhaité être, parmi les auteurs Serbes.
Lu il y a quelque temps déjà, je conserve un délicieux souvenir de ce récit dont le charme opère de nouveau à la relecture, réaffirmant ainsi l’indéniable qualité du roman éponyme d’un auteur qui fut à juste titre couronné du prestigieux prix Nobel de littérature en 1961.
C’est une véritable prouesse littéraire qu’accomplit Ivo Andrić lorsque, partant de ce fameux pont sur la Drina, il parvient en à peine plus de 350 pages à nous faire traverser 400 ans d’histoire et cela, tout en nous épargnant la lourdeur qu’une telle entreprise risque de générer.
Mais monsieur Andrić sait sans-doute déjà y faire lorsque, sa carrière diplomatique (basée en Allemagne) ayant été interrompue par la seconde guerre, il décide de rentrer à Belgrade, s’installe chez un ami et ainsi confiné à un environnement restreint de même que soumis aux contraintes de l’histoire en cours, il entreprends la rédaction des deux romans (Le pont sur la Drina et La chronique de Travnik) qui feront de lui l’un des écrivains les plus importants de son pays.
Il est difficile de dire si ces conditions ont inspiré de quelque manière la conception du roman, mais on peut aisément imaginer comment, dans de telles circonstances, l’auteur aura dû faire preuve d’ingéniosité pour instruire avec autant de précision que faire se peut, cet admirable ‘roman sur l’histoire’.
C’est d’une plume agile et avec autant de retenue que d’humilité, qu’Ivo Andrić nous décrit ce noyau des Balkans, point stratégique, centre de tensions multiples de même que véritable point de rencontre entre l’orient et l’occident. Ainsi, plutôt que de tenter en restituer et/ou discuter les tenants et les aboutissants de l’histoire, Andrić, en suivant les fils de ce qu’on peut appeler le “moteur de la vie”, cherche semble-t-il, à tracer les voies d’une raison qui, peut-être, pourraient permettre à l’homme de se réconcilier avec les tumultes qu’il inflige à son histoire.
Dénué de tension, le récit suit le cours des événements marquants ainsi que celui des existences de ceux et celles qui y ont prit part. Evoluant à un rythme posé tout en étant lourd de contenu, ‘Le pont sur la Drina’ n’est pas de ces romans qu’on lit avec avidité, mais plutôt de ceux, qu’à la manière d’une tasse de thé, l’on déguste à petites gorgées.
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