Lea Nagy

Le chaos en spectacle

Traduit du hongrois par Yann Caspar

Editions du Cygne, 2022

Quand au hasard de mes lectures sur le web j’ai découvert, par le biais de quelques citations, l’écriture de Lea Nagy, j’ai tout de suite eu envie d’en savoir plus.

Née en l’an 2000, avec trois recueils de poèmes à son actif, cette jeune auteure hongroise, déjà lauréate de deux prix dans son pays, semble bien partie pour faire ses marques dans le domaine de la littérature.

Paru en 2022, Le chaos en spectacle, constitue donc une première ouverture pour Lea Nagy, vers un lectorat étranger. Le livre s’offre d’abord à nos yeux par le biais d’une couverture attrayante, une œuvre réalisée par le peintre István Sinkó, qui illustre fort bien le titre du recueil.

Si la préface on ne peut plus enthousiaste de Patrice Kanozsai nous encourage à aller plus loin, un premier poème, Attente permanente, servi en guise de mise en bouche, confirme en effet le discours élogieux du préfacier.

Suivent quelques 35 poèmes répartis sous trois sous-titres : Phrases perduesAvec eux une fois et Demi-mots. Chacune de ces parties est introduite par une citation (de l’auteure ou/et d’autres écrivains), de plus qu’elle s’accompagne d’un dessin.

Explorant divers thèmes, ces poèmes révèlent une écriture empreinte de délicatesse et de fraîcheur et parfois aussi d’une maturité étonnante. Tantôt vive, tantôt pétillante, tantôt grave, tantôt légère, la langue qu’emprunte l’auteure affiche une belle palette de tons.

Alternant d’une voix à l’autre, d’un point de vue à un autre, les mots sont déversés parcimonieusement, les phrases avancent doucement puis se retournent subitement, surprenant le lecteur par un cheminement inattendu. Puis tout en traçant peu à peu les contours d’une scène, les mots nous entraînent à travers l’espace et le temps, tandis que dans une sorte d’exercice de voltige ils jouent entre distance et proximité, entre légèreté et gravité.

On est sur une île, dans une salle de spectacle, au théâtre, dans une chambre, sur un quai de gare ou ailleurs, et on observe puis on voit le monde d’en haut ou d’en bas, de près ou de loin ; sous un regard d’hier, d’aujourd’hui, de demain; à travers ses propres yeux ou ceux d’un autre.

Bien que ces poèmes n’aient pas tous eu la même résonnance sur moi, l’ensemble m’a paru bien exécuté, et suffisamment varié, stimulant et intéressant pour que je ne résiste pas à l’envie de relire, puis relire encore. Ainsi au gré de multiples lectures, les poèmes auront dévoilé avec plus de précision cette jolie et fort prometteuse voix de poète que j’ai pris plaisir à découvrir.

 

 

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