Lygia Fagundes Telles – Fragments

La discipline de l’amour

Titre original : A disciplina do Amor,

Editora Nova Fronteira, 1980

Traduit du portugais vers le français par Maryvonne Lapouge-Pettorelli

Rivages, 2002

A l’orée de la soixantaine, forte de multiples expériences et d’une œuvre déjà bien garnie, Lygia Fagundes Telles publie ce recueil composé de textes courts où, laissant libre cours à son imagination, elle navigue entre souvenirs, réflexions, rêves et fiction, nous amenant ainsi à la découverte d’une partie de son univers créatif.

C’est un ouvrage à caractère intimiste, rédigé hors des contraintes de genre, dans une prose simplissime dont le ton laisse percer la voix de l’auteur tout en mettant bien en relief l’écart existant entre le réel et la version remaniée des faits qui nous est ici proposée.

Outre les thèmes qui traversent ses œuvres, on y découvre également quelques-unes des sources d’inspiration de l’auteur, ainsi que divers éléments que l’on retrouve par ailleurs dans ses romans et nouvelles.

Au niveau de la construction, si la forme choisie (fragment) est tout à fait appropriée pour ce genre de projet, il n’en demeure pas moins que les possibilités littéraires qu’elle offre semblent avoir été sous-exploitées. A cet égard, bien qu’agencé de manière à optimiser les liens existants entre certains des textes,  il m’a semblé que l’ensemble souffre tout de même d’un manque d’unité, ou d’élément, -fil tracé en filigrane, récurrence, ou autre-, agissant plus ou moins en ce sens.

Quoi qu’il en soit, selon son degré de familiarité avec l’œuvre, chaque lecteur devrait y trouver matière à intérêt.

Ainsi certains passages m’ont parlé plus que d’autres, par exemple ceux portant sur Kafka (‘Kafkandide’ et ‘Le portrait’), de même qu’un texte établissant un parallèle entre les sensations éprouvées lorsque l’on prend place sur un siège d’avion versus la chaise du dentiste (‘Les fauteuils’), divers passages explorant le thème du féminisme et bien d’autres.

Mais j’ai également eu l’impression de passer à côté de certains éléments si bien qu’au final, ce livre m’a semblé s’adresser plus particulièrement aux inconditionnels de l’auteur qui maîtriseraient la langue portugaise, car ceux-ci ayant accès à l’ensemble ‘de l’œuvre de même que la possibilité d’acquérir une plus grande familiarité le contexte dans lequel l’auteur a évolué, devraient je crois, être mieux à même d’apprécier cet ouvrage dans son ensemble.

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