Splendeurs Amérindiennes
Beaux Livres Henri Rivard (2004)
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Voici un livre-objet. Ca n’est pas un livre d’art mais plutôt un ‘livre-art’. Du graphisme au dessin, de la reproduction d’œuvres à la reliure, tout dans ce livre a été réalisé avec soin, par la main d’artistes qui, à travers leur art, expriment leur attachement et leur respect pour la culture des peuples Amérindiens.
Outre le fait qu’il soit agréable à regarder, ce livre nous plonge dans un univers unique, un monde où l’homme et la nature, le matériel et l’immatériel, le naturel et le surnaturel, la légende et la réalité quotidienne, coexistent en une sereine harmonie depuis la nuit des temps.
“La toundra c’est moi et moi, je suis la toundra. Territoire du bout du monde.”
Michel Noël, écrivain et ethnologue québécois, né en 1944 dans une famille algonquine, a passé les quatorze premières années de sa vie parmi les autochtones de la région de l’Outaouais (Québec). Une fois ses études terminées, fidèle à une promesse faite à son père, il s’est investit activement à mettre en valeur et à faire reconnaître le patrimoine des Amérindiens et des Inuits.
‘Splendeurs Amérindiennes’ témoigne donc de son expérience et de la richesse culturelle des premières nations.
Partant de courts textes à saveur poétique agrémentés des dessins de Jacques Néwashish, on découvre par petites touches, des scènes, des moments, des souvenirs de la vie de cet homme qui nous ouvre la porte de son univers en toute simplicité. Intercalées entre ces textes, quelques parenthèses sous forme de citations accompagnées de reproductions d’œuvres d’artistes, pour la plupart d’origine amérindienne, illustrent et donnent de la dimension au propos.
“Sur sa ligne de trappe, Antan me racontait, la voix grave, le geste large: Nous avons, mon territoire et moi, la même pulsion, le même battement de cœur. Nous nous devons la vie.”
Qu’on la connaisse déjà ou qu’on la découvre pour la première fois, ce livre constitue une belle opportunité de se plonger dans une culture généralement méconnue, de même qu’il en incitera plus d’un à poursuivre l’exploration.
“Au cours de l’été, en notre absence, les hommes blancs ont ouvert des chemins avec des tracteurs. Ils ont déchiré la terre, déraciné des vieux pins, des sapins, des épinettes, souillé les ruisseaux, saccagé le plus beaux ravages des orignaux. Ensuite, ils ont construit quatre camps. Et cet hiver, voilà qu’ils coupent tous les arbres qui leur tombent sous la main; c’est comme si des volées entières d’outardes étaient abattues en plein vol, laissant le ciel d’automne complètement vide. Ca n’aurait pas de sens.”
“J’ignore pourquoi ils font cela. Je suis ici chez moi, sur le territoire de mes ancêtres. Mon père, ma mère, mon grand-père, ma grand-mère sont enterrés dans le sol de cette montagne.”
Un très beau livre qui nous fait voyager dans le temps et dans l’espace tout en nous sensibilisant au sort de cette nation en souffrance.
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