The Word Book1
Publication originale 1979
Traduit du japonais vers l’anglais par Paul McCarthy
Dalkey Archives, 2009
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Poète, nouvelliste et critique de film, on dit de Mieko Kanai qu’elle figure parmi l’avant-garde des écrivains de sa génération. Premier parmi les livres de l’auteur à avoir été traduits (et publiés) en anglais ‘The Word Book’ est composé d’une douzaine de récits qui, servis par une prose simple et sertis dans une forme narrative sophistiquée, m’ont semblé essentiellement servir à illustrer le thème de la création littéraire.
Dénués d’intrigue, la plupart des récits se présente sous la forme d’une scène ou d’un défilé de scènes, telles que vues, perçues et décrites, sous divers angles, par un ou plusieurs personnages narrateurs.
Grâce à un jeu de perspective inattendu, une voix narrative qui varie peu d’un point de vue à l’autre et un découpage temporel insolite, l’auteur nous entraîne dans un univers où, une fois passée sous le filtre de la perception, la réalité n’est pas toujours aussi fluide qu’il n’y paraît.
Ainsi, ‘Rivals’ le premier des récits, et probablement le plus complexe d’entre eux, raconte à travers une narration particulièrement confondante, l’histoire d’un homme hanté par la présence d’un rival, sorte de double, d’ombre ou d’écho de lui-même.
Moins complexes, d’autres textes tels que ‘Windows’, évoquant la naissance et l’évolution d’un talent (ici un photographe) artistique, ou ‘The Voice’ où l’on observe entre autres la relation entre l’écrivain et le lecteur, explorent plus avant le point de vue de l’artiste. Allant des liens existant entre l’identité/la personnalité du créateur et son œuvre, à la notion de propriété de ‘l’objet’ créé, en passant par le rôle joué par l’auteur, le narrateur, le personnage, et éventuellement le lecteur dans la conception d’une œuvre, ces récits abordent donc divers aspects de la création artistique.
Puis au fur à mesure que l’on avance dans la lecture, par le moyen de recoupements et de répétitions, d’un récit à l’autre, les alternatives semblent se démultiplier tandis qu’ évoluant sans direction précise et n’atteignant aucun dénouement, l’ensemble finit par ressembler à une sorte de jeu de miroirs qui draperait les murs d’un étrange labyrinthe au long duquel le lecteur serait peu à peu entraîné.
Morceaux d’histoires, ces récits sont imprégnés d’incertitude, du flou que l’on éprouve face à un rêve ou lorsque l’on passe du rêve à la réalité (et vice et versa), ainsi que des ambigüités dont souffre la mémoire. A la fois bruts et dotés d’une étrange sensualité, ces textes confondent et ne se laissent pas aisément appréhender.
Avec ce titre évocateur et un développement thématique qui ne manque certes pas d’intérêt, c’est un livre que j’aurais voulu aimer mais dont la lecture, tantôt intrigante, parfois laborieuse, déstabilisante ou ennuyante, n’a cependant éveillé chez moi qu’un tiède enthousiasme.
Notes:
1.Titre français: Le livre des mots (ce livre aurait été publié mais non commercialisé)
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