Qurratulain Hyder

Hyder

River of Fire

Traduit (réécrit) de l’urdu vers l’anglais par Qurratulain Hyder

New Directions Books/Kali for Women (1999/1998)

C’est dans un contexte culturel jusqu’alors largement dominé par la poésie que Qurratulain Hyder, publie ses premières œuvres de fiction en prose. Dès lors, ce professeur émérite, journaliste et écrivain née en 1927 dans l’état d’Uttar Pradesh, sera considéré comme une pionnière dans le domaine de la littérature urdu.  Originalement publié en 1959, ‘River of Fire’  figure parmi les premiers et encore aujourd’hui parmi les plus importants romans de langue urdu.

Divisé en courts chapitres, le récit est composé de quatre principaux épisodes correspondant chacun à une période, ou à un moment ayant marqué une époque ou la fin d’une époque au cours de l’histoire de l’Inde (plus spécifiquement l’histoire du nord de l’Inde). Débutant au 4e siècle avant J-C , nous y découvrons l’Inde de la civilisation védique au moment où l’empire Maurya connaît ses heures de gloire.  Par la suite, dans la foulée de la conquête musulmane, nous découvrons la vie sous le Sultanat de Delhi, tandis que passant par la révolte des cipayes (1857), effleurant au passage l’empire Moghol, nous explorons ensuite une nouvelle facette de l’histoire, cette fois sous l’empire britannique des Indes, avant d’aborder l’indépendance, la partition et le début des années 1950 (trois étapes traversées sous le signe de l’exil puis du retour au pays).

Au cours de chacun de ces épisodes nous suivons quatre personnages, figures récurrentes représentant des personnalités-types ou si l’on préfère, des réincarnations, telles qu’ils/elles se seraient manifesté aux diverses époques évoquées au cours du roman. Ces quatre personnages (deux hommes et deux femmes) animent donc la trame fictive du roman en nous dévoilant ce que furent leurs existences sous chacun des contextes historiques précédemment décrits.

Ce procédé, habilement soutenu par un soupçon de réalisme magique, renforce la perspective historico-temporelle adoptée par l’auteur et met en relief la notion de continuité de l’histoire, évoquant par ailleurs l’image d’une humanité en perpétuelle ‘évolution’, un thème qui, outre son universalité, nous entraîne éventuellement vers une réflexion d’ordre philosophique.

D’autres thèmes sont explorés, notamment ceux de l’identité indienne, de la religion, ainsi que du rôle joué par les femmes au sein de ces diverses versions d’une même société.

Versatile, la prose est adaptée au contexte qu’elle évoque, adoptant un ton poétique, neutre ou nostalgique. Les dialogues ont tendance à adopter une forme elliptique, devenant parfois trop abstraits ou semblant artificiels.  L’auteur fait habilement usage de déplacements et autres jeux de perspectives, incluant par ailleurs au texte diverses citations, lettres, journaux, etc.

Le récit évolue à bon rythme mais semble piétiner quelque peu en seconde partie du roman, notamment lorsque l’action s’installe pour un long moment en Grande-Bretagne et que le fond historique occupant alors une place de moindre importance, cède la place à une trame fictive ayant parfois tendance à exhiber des airs de chronique mondaine.

Relativement court pour l’envergure du contenu, c’est un ouvrage chargé d’histoire et de références culturelles, habilement conçu et soutenu par un échafaudage fictif bien calibré. Si, de ce fait, il s’avère plutôt digeste, il reste cependant difficile à appréhender pour un lecteur ne possédant pas ou peu de repères historiques et culturels.

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