The Road to Oxiana1
MacMillan Co. 1937
Lu en version numérique.
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Prise de court entre deux lectures, c’est en recherchant un récit émanant d’un pays d’Asie centrale que j’ai croisé ce livre de Robert Byron. Bien que je ne sois pas particulièrement attirée par la littérature de voyage, la curiosité ainsi que la perspective de découvrir sous un angle différent une région que je comptais aborder par le biais de la fiction, m’ont incité à ouvrir le livre.
Né en 1905 et éduqué parmi le gratin de la société britannique, (Eton, puis Oxford d’où il fut expulsé), historien et critique d’art, Robert Byron, auteur d’une dizaine de livres dont quelques essais, s’est toutefois fait connaître du grand public par ses récits de voyage. Il faut dire qu’à l’époque de leur publication, seule une petite minorité de gens pouvait se permettre de partir à la découverte des terres étrangères si bien que l’on peut imaginer l’attrait qu’ait pu exercer ce genre de récit sur le lecteur assoiffé d’évasion. Et si, avec actuellement un peu moins d’un siècle de distance, ce récit peut sembler désuet aux yeux du lecteur contemporain, il n’en demeure pas moins qu’outre une fenêtre ouverte sur un monde appartenant au passé, il permet également au lecteur contemporain de découvrir en quoi pouvait consister l’expérience vécue par ceux qui, au début du siècle dernier, osaient (et pouvaient se permettre de) se lancer dans une telle aventure.
Rédigé sous forme de journal, “The Road to Oxiana” s’ouvre le 4 septembre 1933 au moment où, à bord du SS Martha Washington, Byron s’apprête à débarquer en Palestine, puis il se termine le 8 juillet 1934, lorsque l’auteur retrouve sa famille en Angleterre. Entre ces deux dates, outre la Palestine, Byron aura visité la Syrie, l’Irak, la Perse (Iran) et l’Afghanistan, poussant éventuellement jusqu’aux frontières du Turkestan russe2 où l’accès à l’Amou-Daria, fleuve délimitant la région d’Oxiane et but ultime du voyage, lui sera interdit. De là, rebroussant chemin, il se dirige vers l’Inde, passant par Peshawar (actuel Pakistan) et Delhi, avant de monter à bord du RMS Maloja qui le ramène en Angleterre.
Une aventure extraordinaire au long de laquelle l’auteur fait peu état de son ressenti ou de la valeur personnelle de cette expérience, s’attardant plutôt à transcrire celles de ses observations qu’il considère d’intérêt, un choix qui reflète sa perception du voyage et témoigne d’un désir de contribuer aux connaissances et probablement de laisser une marque au sein de son domaine de prédilection.
Passant également sous silence les aspects sociologiques/humains auxquels il est exposé, on retrouve parmi ses commentaires, outre d’occasionnelles considérations sur les transports, les communications ou les déplacements, quelques entrées au sujet des démarches relatives à l’obtention des autorisations requises ou à l’embauche de guides, d’autres portant sur les difficultés rencontrées sur la route, sur les lectures qui l’accompagnent, des anecdotes sur les rencontres consulaires et les soirées mondaines auxquelles il assiste, quelques considérations de nature économique ou politique, etc., mais c’est lorsqu’il aborde le sujet de l’architecture et de l’histoire de l’art, voire de l’esthétique d’un paysage, que Byron donne toute sa mesure. Exhibant une solide connaissance de son sujet, sa prose, souvent neutre, voire sèche et factuelle, se transforme alors en un véritable festival de mots et d’images.
Non initiée au domaine de la pierre, si ses premières envolées m’ont quelque peu intimidée, c’est en accompagnant ma lecture d’images et de photographies des sites décrits (la plupart peuvent être trouvés sur le net), que j’ai pu prendre plaisir à suivre Robert Byron dans ses explorations, appréciant la beauté et la richesse patrimoniale dont témoignent certains des emplacements et monuments évoqués.
Il m’a également été utile de suivre le parcours emprunté par l’auteur à l’aide d’un plan, exercice que l’édition numérique rend fastidieux mais qui, outre le repérage des lieux évoqués, m’a permis de mieux me rendre compte de l’évolution géopolitique dont ces régions ont fait l’objet.
Bref, contre toute attente, malgré quelques déficiences au niveau du contenu, malgré le manque d’homogénéité de la narration, le récit de monsieur Byron a su maintenir mon attention jusqu’au bout. Et même s’il n’a pas éveillé une passion pour la littérature de voyage, “The Road to Oxiana” instruira probablement d’ultérieures lectures de même qu’il aura conforté mon intérêt pour la culture et la littérature des pays évoqués.
Notes:
1.Titre de l’édition française: Route d’Oxiane
2.Région correspondant plus ou moins aux actuels Turkménistan, Ouzbékistan et Tadjikistan.
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