Three Modern Indian Plays

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Three Modern Indian Plays

OUP, 1989

Heureux hasard celui qui m’aura amenée à m’intéresser au théâtre indien. Je dois reconnaître qu’au moment de planifier mes lectures en littérature indienne, n’ayant pas conscience de la place qu’occupe le théâtre en Inde, je n’imaginais pas que cela puisse être une avenue à explorer. Fort heureusement, un commentaire croisé sur le web aura su éveiller ma curiosité et par conséquent m’aura permis de combler, ne serait-ce qu’un tout petit peu, ce qui aurait constitué une importante lacune.

En guise d’introduction, j’ai donc choisi de lire ce recueil composé de trois pièces écrites par trois dramaturges indiens, trois auteurs qui non seulement ont laissé leur marque au sein de leur univers culturel et linguistique respectif, mais ont également contribué à établir les bases du théâtre moderne en Inde. Girish Karnad, Badal Sircar et Vijay Tendulkar sont donc considérés comme des auteurs majeurs et leurs créations font partie des classiques du répertoire indien.

Ce recueil propose un trio de pièces connues, représentatives de leur époque et du style de leur auteur et constitue ainsi une excellente manière d’aborder l’univers littéraire et théâtral indien.

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Tughlaq de Girish Karnad

Girish Karnad s’est inspiré de la vie et plus particulièrement de la carrière politique de Muhammad bin Tughlaq, sultan de Delhi au cours des années 1324-51, pour concevoir cette pièce, une pièce à caractère historique explorant un thème qui n’en est pas moins d’actualité, ce qui en fait un classique du répertoire.

Se déclinant en treize actes, elle illustre comment Tughlaq, un idéaliste aimé et craint par son peuple, victime de ses faiblesses autant que des multiples conflits, conspirations et autres revers auxquels il est confronté dans un contexte marqué par la corruption, victime également de la critique et des antagonismes, assiste dans la désillusion, à l’échec de son administration.

Livrée dans son plus simple appareil, cette histoire gagne ainsi en pouvoir évocateur et rejoint, tant par ses personnages typiques que par sa thématique, l’universel et l’intemporel.

Grâce à la perspective qu’elle offre entre passé et présent, grâce aux réflexions qu’elle suscite sur le sujet du pouvoir, cette pièce illustre bien certains aspects du monde politique qui sont toujours d’actualité en Inde comme ailleurs.

Originalement écrite en langue kannada elle est ici rendue dans un anglais sobre dont la contemporanéité , tranchant avec le contexte du récit, rend sa lecture et sa compréhension accessible à tout public.

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Evam Indrajit de Badal Sircar

Jouée pour la première fois en 1965, puis traduite du bengali vers l’anglais au début des années 1970, cette pièce au style moderne, raconte l’histoire d’un dramaturge qui tente de composer une pièce de théâtre illustrant le monde (actuel) dans lequel l’auteur évolue (c’est-à-dire la classe éduquée du Calcutta des années 1960). Peinant à trouver un sujet ayant une qualité dramatique, l’auteur (sur scène) décide de sélectionner quelques personnes parmi les spectateurs afin de s’inspirer de leur vie pour constituer un scénario.

Transgressant à qui mieux-mieux la frontière entre réalité et fiction, alternant le jeu des personnages qui tantôt jouent un rôle dans la pièce, tantôt évoluent dans leur propre vie, puis faisant fi de toute linéarité temporelle, cette pièce en trois actes constitue un véritable jeu de miroirs. Oscillant entre le réalisme et l’absurde, évoquant au passage diverses préoccupations de la classe moyenne de l’époque, elle illustre avec finesse le processus de création artistique et explore entre autres thèmes, celui du rôle de l’art dans la société.

Un sujet et une formule que l’on prend plaisir à redécouvrir à travers le filtre de la culture indienne.

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Silence! The Court is in Session de Vijay Tendulkar

Autre incontournable du répertoire indien, datant de 1967 et traduite du marathi vers l’anglais au cours des années 1970, cette pièce en trois actes raconte l’histoire d’une troupe de théâtre dont le jeu consiste essentiellement à mettre en scène une cour de justice où, accusé, témoins, avocats et juge traitent d’une affaire quelconque. Improvisant une session, histoire de passer le temps avant de jouer la prochaine représentation du spectacle en cours, cet exercice qui à prime abord semble n’être qu’un jeu anodin, puisant éventuellement dans la vie privée des protagonistes, prend bientôt un tour dramatique.

Habilement conçue, cette pièce utilise une mise en abîme permettant de passer par la fiction pour atteindre la réalité. C’est ainsi qu’elle explore d’une manière originale diverses questions et préoccupations d’ordre moral, abordant sous ce même angle, le thème de la condition féminine dans la société indienne.

Compacte et d’une grande intensité dramatique cette pièce reposant en bonne partie sur le jeu des acteurs, est sans doute mieux servie par la scène, mais constitue tout-de-même une lecture fort engageante.

Note:

Tughlaq de Girish Karnad a été traduit du kannada par Alyque Padamsee

Evam Indrajig de Badal Sircar a été traduit du bengali par Girish Karnad

Silence! The Court is in Session de Vijay Tendulkar a été traduit du marathi par Priya Adarkar

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