Tous les mots

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Depuis de nombreuses années, tant à la plume qu’au clavier, j’écris.  J’écris pour le plaisir de jouer avec les mots et de jongler avec les idées, bref,  j’écris.  Mais il m’arrive parfois, lorsque je m’apprête à verser quelques mots, d’hésiter entre le sujet et la manière d’exprimer ma pensée et c’est éventuellement la futilité même de la chose qui, inévitablement m’apparaît et vient troubler mon esprit.

Pourquoi écrire? A quoi peut bien rimer cet exercice de l’écriture?

Que l’on soit publié ou non, si l’on songe à tous les mots qui ont été écrits, on peut se demander à juste titre: mais tout n’a-t-il pas déjà été écrit?

Certes, il existe autant de manières de voir et de dire qu’il y a d’individus, et puisque les temps changent, le monde évolue, et la réalité apparaît sous un jour perpétuellement transformé, même si le fond reste plus ou moins le même, il y a toujours place pour la nouveauté et pour des idées que, pour une raison ou un autre, nous éprouvons tous plus ou moins le besoin d’exprimer.

Mais, outre la prétention d’éventuellement contribuer, grâce à l’expression de ses idées, au “patrimoine intellectuel de l’humanité”, que signifie et de quoi procède ce besoin de dire?

N’est-ce pas par besoin de briser le silence et d’obnubiler le sentiment de solitude? Que ce soit par l’écriture ou via une autre activité, n’exprimons-nous pas ainsi le désir d’être vu et reconnu par l’autre, une reconnaissance qui de fait nous permet de réaffirmer notre propre existence?

Sans doute. Mais qu’en est-il de tous ceux parmi nous qui, s’exprimant par le moyen d’un média ou d’un autre, persistent, en dépit de l’absence de retour, voire de lectorat?

Motivés par l’espoir d’être lu et de ne plus être seul avec ses mots…

Et que dire des mots que nous lisons? Ne participent-t-ils pas d’une même quête?   Ne cherchons-nous pas, à travers ce que nous lisons, si ce n’est un écho, une affirmation, voire une prolongation de notre propre expérience?

Sans-doute. Sans doute qu’il y a de cela derrière tout ce que nous lisons et écrivons.

Mais encore.

Quel sens peut bien prendre cette quête face à l’abondance, la surabondance de mots qui, chaque jour, appellent à l’attention des lecteurs? Celle-ci n’a-t-elle pas pour effet d’anesthésier les esprits, au point qu’on en vienne à ne plus lire que distraitement, sans trop réfléchir, pressés que nous sommes, de passer au suivant afin de ne rien manquer?  Et à l’inverse cette explosion du monde de l’écrit  n’a-t-elle par pour conséquence de transformer le produit de cette activité en une commodité de peu de valeur?

Alors, pourquoi écrire? Pourquoi persister?

Pour les mots, pour tous les mots parce qu’au fond, quel que soit le motif et la finalité de l’exercice, il reste qu’écrire et lire sont et seront toujours partie intégrante de ma vie.

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