Uhuru Street
Heinemann (UK,1991)
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Né à Nairobi dans une famille d’ascendance indienne, M.G. Vassanji a grandit en Tanzanie, puis il a étudié la physique nucléaire aux Etats-Unis avant d’émigrer au Canada. Attaché à l’Université de Toronto, il commence à écrire dans les années 1980, construisant au fil des années une œuvre essentiellement composée de romans, tous écrits en anglais.
Publié en 1991, Uhuru Street est un recueil de nouvelles dont les histoires décrivent divers moments dans l’existence d’une variété de personnages appartenant pour la plupart d’entre eux à la communauté indienne vivant à Dar es Salam (Tanzanie).
Ayant abordé la littérature tanzanienne via deux auteurs1 dont chacun m’aura permis de découvrir un pan d’histoire de ce pays tel que vu à travers la perspective propre à la communauté dont ils sont issus (Africain et Arabe), j’avais envie de compléter ce mini tour d’horizon en allant puiser du côté d’une troisième communauté établie dans ce pays, à savoir la communauté indienne, afin de découvrir ce qu’on pouvait bien y raconter. Uhuru Street semblait donc tout indiqué.
Plutôt courtes, allant de simple vers des constructions plus élaborées, les nouvelles proposées dans ce volume sont liées soit par le contexte et/ou par les personnages qui y apparaissent, puis s’étalant entre le milieu des années 1940 pour s’achever au début des années 1980, elles suivent par ailleurs une progression dans le temps et nous permettent ainsi d’observer l’évolution du contexte ainsi que celle exhibée par les membres de cette communauté.
Bien que de qualité et d’intérêt inégal, dévoilant divers détails de la vie, des conditions d’existences, des mœurs et des habitudes des gens appartenant à la communauté indienne de Dar es Salam, mise bout à bout, ces histoires forment donc une sorte de portrait d’ensemble dépeignant cet espace géo-social dans lequel les immigrants et descendants d’immigrants ont évolué au cours de cette période.
Servis par une prose neutre, narrés par des voix que j’ai trouvées trop peu personnalisées, c’est grâce au talent de conteur, au regard sans concession que l’auteur porte sur ses semblables ainsi qu’à l’attention accordée aux multiples petits détails propres à insuffler un air d’authenticité, que ces récits prennent vie.
Tantôt empreints de nostalgie, de cruauté, de tristesse, de tendresse ou d’humour, bien que facilement accessible, parfois d’un abord indirect, ces vignettes exigent tout de même qu’on leur accorde un peu d’attention et de temps de réflexion afin qu’elles puissent mieux dévoiler ce qu’entre les lignes elles se proposent d’exprimer.
Bref, voilà un petit recueil offrant un bref mais saisissant portrait de société, qui comble à tout le moins une partie de l’espace laissé inexploré lors de mes précédentes incursions en littérature tanzanienne.
1.Gabriel Ruhumbika et Abdulrazak Gurnah
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